Origine et histoire du Château du Breuil
Le château du Breuil, demeure du XVIe siècle située sur la commune du Breuil-en-Auge dans le Calvados, est partiellement inscrit au titre des monuments historiques. Il donne son nom à une marque de calvados et, depuis 2017, le domaine produit, distille, affine, vieillit et développe plusieurs autres alcools. Établi au cœur d’un parc et entouré par deux bras de la Touques, le château occupe une île boisée. Le fief appartenait au XIVe siècle à la famille Bouquetot. Le château a été construit au début du XVIe siècle et a connu plusieurs propriétaires. Jean III de Bouquetot, chevalier et seigneur du Breuil et de Rabu, n’eut que trois filles ; l’aînée, Suzanne de Bouquetot, hérita du domaine en 1611 et le conserva jusqu’en 1658. Suzanne avait épousé dix-huit ans plus tôt le comte Gabriel II de Montgomery, fils de Gabriel Ier de Montgommery, régicide d’Henri II. En 1638, le jeune Tancrède de Rohan, alors placé sous la garde du comte de Montgommery, fut enlevé et emmené en Hollande. En 1696, la propriété échoit à la famille Bence, qui fit construire les communs ; Jeanne-Philippe Bence hérita de son père Adrien Bence, riche bourgeois de Lisieux. Le fief passa à la famille Rioult en 1758. À partir du XVIIIe siècle et de la Révolution, le domaine accueillit diverses activités économiques qui évoluèrent au fil des siècles. Entre le XVIIIe et le XIXe siècle une filature de lin fonctionna sur la propriété, puis, au début du XIXe siècle, une fromagerie se développa sur le site. La fromagerie fut remplacée, jusqu’en 1946, par une chocolaterie, puis la société Saffrey, appartenant au comte de Tocqueville, y implanta une cidrerie qui fonctionna jusqu’en 1954. En 1954, Philippe Bizouart transforma la cidrerie en distillerie qui produisit des eaux-de-vie sous l’appellation calvados et adopta comme marque le nom du château. Au fil des décennies, le domaine a développé la création de la marque Château du Breuil, une activité touristique attirant près de 40 000 visiteurs par an pour le site, son parc, son lac et ses chais de vieillissement, ainsi que le négoce d’autres marques de spiritueux. Le château possède 42 hectares de vergers comportant 22 000 pommiers en AOC Pays d’Auge ; la production de calvados et de pommeau dépasse 300 000 cols par an et est en partie exportée. Fin 2020, l’activité a été diversifiée sous le nom commercial La Spiriterie Française, avec notamment Rum Explorer, une gamme de rhums sans sucre ajouté vieillis dans les chais, et Le Breuil, une gamme de whiskies français single malt brassés, distillés et vieillis au domaine ; une gamme de spiritueux (gin, limoncello, pastis, etc.) a été développée en partenariat avec la société C’est Nous, filiale à 50 %. En avril 2023, le château, qui avait été la propriété du groupe suisse Diwisa pendant une trentaine d’années jusqu’en 2020, a été repris par une holding contrôlée par la famille Montesano ; Roberto Montesano est depuis président-directeur général et copropriétaire du domaine foncier avec Carine Bolle et leurs enfants Léa et Andréa Montesano. La demeure, encerclée par deux bras de la Touques, était autrefois ceinturée de fossés remplis d’eau. Le corps principal, en brique et pierre, est pourvu de colombages et de tuiles roses, éléments de l’architecture régionale. Il se présente comme un long corps de logis flanqué de deux pavillons carrés du XVIe siècle à colombages, couverts de toits indépendants ; les entrecolombages sont tuilés et subsistent des panneaux d’un ancien corps de logis en pans de bois sur la façade est. L’île boisée qui entoure le site comporte des arbres centenaires, notamment des hêtres pourpres, tilleuls, ifs, platanes, ormes, sapins et séquoias. Les façades et toitures du corps de logis et des dépendances, la porte d’entrée et la douve sont inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 9 septembre 1933.